14 novembre 2024
Fontenay-le-Comte, quelques jours après le début du confinement : « Différents enseignants de l’établissement se sont spontanément fait connaître pour agir utilement face à la crise sanitaire, en utilisant les matériels de leurs filières technologiques et sciences de l’ingénieur », explique Stéphane Bauerle, directeur délégué aux formations professionnelles et techniques du lycée François-Rabelais. « Ainsi, en quelques jours, une dynamique de projet s’est mise en place pour fabriquer des visières, ces équipements de protection contre la propagation du Covid-19, à l'aide d'imprimantes 3D et de machines à découpe laser. »
Des plans et process partagés au plus grand nombre
« L’idée était simple : fabriquer ces visières de protection pour les remettre gracieusement aux soignants ou aux professionnels de santé en contact avec le public ». En s’appuyant sur les conseils de personnels soignants locaux, un premier prototype a été validé. L’équipe du lycée, composée d’enseignants mais aussi d’élèves, a abouti à une version plus finalisée, « plus légère aussi, avec un temps de réalisation réduit : en une heure, près de 80 pièces sont fabriquées avec nos deux découpeuses laser du plateau technique », poursuit Stéphane Bauerle, insistant sur la démarche désintéressée mais surtout incitative : « on a très vite partagé nos plans de fabrication et nos consignes sanitaires, pour inciter d’autres "makers" à contribuer à la lutte contre la pandémie. »
Des moyens techniques financés par la Région
En quelques jours, une trentaine d’établissements des Pays de la Loire se mobilisent. De véritables "Fab labs" implantés au cœur des lycées, s’investissent dans la lutte contre la propagation de la pandémie. De la Mayenne à la Vendée, en passant par le Maine-et-Loire, « une effervescence convoque toutes les forces vives de l’académie », indique Christel Izac, inspectrice pédagogique régionale. « Grâce au soutien de l’Agence régionale de santé, les établissements ont pu contacter les acteurs de soins de leur secteur : centres hospitaliers, pharmaciens, Ephad, praticiens indépendants… Avec les moyens techniques financés par la Région, une extraordinaire chaîne logistique de solidarité a pu se dessiner et très vite, les premières visières ont pu être livrées. C'est ainsi que nous avons pu mailler tout le territoire. »
Des collaborations entre formations sont nées
Vincent Baey, inspecteur d’académie en Mayenne, reconnaît que « ce mouvement de solidarité montre à quel point le personnel technique comme pédagogique a su se mobiliser efficacement ». Dans ce département, des dizaines de makers sont à pied d’œuvre et impriment sans discontinuer pour répondre à la demande. « Cette chaîne de solidarité, au niveau local, a par ailleurs permis différentes collaborations entre établissements : les lycées, les collèges, et sur notre territoire, l’IUT de Laval, dont les formations en génie biologique et informatique ont été précieuses pour faciliter la fabrication des pièces. »
15 000 visières produites au sein des lycées ligériens
Depuis près de deux mois, les imprimantes 3D tournent à plein régime. Franck Burgerjon, directeur délégué aux formations professionnelles et technologiques du lycée Robert-Garnier de La Ferté-Bernard (Sarthe), est heureux que le matériel des établissements puisse continuer à servir en période de confinement. « Grâce à cette mobilisation performante et réactive, nous avons déjà pu produire des centaines de visières, qui se sont avérées extrêmement utiles pour tous ces acteurs de soin qui se battent au quotidien. »
Au total, ce sont plus de 15 000 visières de protection qui ont pu être fabriquées au sein même des établissements régionaux, et déjà distribuées.
La mobilisation des lycées est exemplaire
« Ces espaces de créativité démontrent aujourd’hui que les lycées sont aussi, face à la pandémie, des lieux de réactivité. Un grand nombre d’entre eux a répondu présent et a su mobiliser les outils d’innovation financés par la Région pour se rendre utiles dans la lutte contre la propagation du virus, en fabriquant visières, mais aussi des blouses, du gel hydroalcoolique… Au-delà de ces initiatives, et dans la perspective de l’après pandémie, ce véritable réseau régional illustre une mobilisation exemplaire dans la crise et une capacité à pouvoir s’adapter à toutes sortes de situations, en s’appuyant sur l’intelligence collective et le partage des savoirs. »
Antoine Chéreau, vice-président du Conseil régional délégué à l’éducation